28/02/2022
Dans un article récent publié dans Immunity, l’équipe d’Hervé Fridman et de Catherine Sautès-Fridman montre que les Structures Lymphoïdes Tertiaires (SLT), lorsqu’elles sont présentes au sein de tumeurs rénales, contiennent des lymphocytes B qui produisent des anticorps contre les cellules tumorales. Ceci pourrait expliquer la corrélation entre présence de SLT, meilleure réponse à l’immunothérapie et plus longue survie des patients.
L’immunothérapie des cancers consiste à stimuler la réaction immunitaire d’un patient vis-à-vis de ses cellules cancéreuses. Cette approche a révolutionné la prise en charge de nombreux cancers, dont le cancer du rein. Néanmoins la plupart des patients sont résistants à l’immunothérapie et il est important, pour mieux les traiter, de bien comprendre les mécanismes d’action de l’immunothérapie.
L’équipe d’Hervé Fridman et de Catherine Sautès-Fridman a montré il y a plusieurs années l’existence de structures lymphoïdes tertiaires (SLT) au sein de certaines tumeurs: ce sont des amas cellulaires riches en cellules immunitaires, dont des lymphocytes B et T, sorte de micro-ganglions au sein des tumeurs. Les lymphocytes B sont les cellules qui produisent des anticorps, tandis que les lymphocytes T sont les cellules tueuses du système immunitaire, qui sont généralement non-fonctionnelles dans les tumeurs, bloquées dans leur fonction par des molécules produites par les cellules tumorales.
La présence de SLT dans une tumeur est associée à une bonne réponse à l’immunothérapie.
Pour comprendre le rôle des SLT vis-à-vis de l’immunothérapie, Maxime Meylan et ses collaborateurs dans l’équipe Inflammation, Complement and Cancer au Centre de Recherche des Cordeliers, ont analysé une cohorte de patients atteints de tumeurs du rein.
Ils ont en particulier établi par transcriptomique spatiale une carte de la localisation des cellules immunitaires dans ces tumeurs rénales, selon qu’elles contenaient ou non des SLT. Ils ont ainsi observé qu’en présence de SLT, des lymphocytes B sont présents à toutes les étapes de maturation, jusqu’à l’étape plasmocyte, producteur d’anticorps. Et la présence de plasmocytes est effectivement corrélée à la présence d’anticorps qui se fixent sur certaines cellules tumorales et les détruisent.
Par ailleurs, la présence de SLT dans les tumeurs rénales a été corrélée à une meilleure réponse à l’immunothérapie dans le contexte d’un traitement par un « réactivateur » des lymphocytes T et à une plus longue survie des patients sans progression de la maladie.
Ces résultats suggèrent que la présence d’anticorps sécrétés par les plasmocytes au sein des tumeurs pourrait potentialiser l’effet du traitement « réactivateur » des lymphocytes T, en particulier via la libération d’antigènes par les cellules tumorales détruites. Ils permettent à la fois d’envisager d’identifier les patients susceptibles de répondre à l’immunothérapie grâce à l’analyse de leur tumeur, et d’étudier de nouvelles pistes thérapeutiques via la coopération des lymphocytes B et T au sein des tumeurs.
Référence de l’article :
Tertiary lymphoid structures generate and propagate anti-tumor antibody-producing plasma cells in renal cell cancer, Maxime Meylan, et al. Immunity, 28 février 2022.
Voir le communiqué de presse sur le site d’Université de Paris Cité