Le virus de la grippe aggrave l’évolution des tumeurs pulmonaires

12/05/2023

Dans un article récent publié dans Cancer Immunology Research, l’équipe du Pr Isabelle Cremer, montre dans des modèles animaux de cancer du poumon que l’infection aiguë par le virus de la grippe a un effet à long terme sur le microenvironnement tumoral, impactant les réponses immunitaires antitumorales, la progression tumorale et la survie, avec des implications pour la gestion prophylactique et thérapeutique des patients atteints de cancer du poumon.

L’équipe a tout d’abord étudié l’impact de la charge virale du virus de la grippe A sur la progression du cancer et sur les acteurs cellulaires et moléculaires de l’environnement tumoral. Dans cet environnement, des cellules immunitaires sont présentes dont le rôle est de détruire les cellules tumorales. Les chercheurs ont montré que l’Influenza A virus infecte à la fois les cellules tumorales et immunitaires, ce qui entraîne un effet pro-tumoral à long terme dans des modèles animaux porteurs de tumeurs. D’un point de vue mécanistique, l’infection par le virus influenza altère la réponse antitumorale des lymphocytes T, conduisant à leur épuisement. De plus, l’équipe a montré que l’infection par le virus influenza modifie l’expression des gènes impliqués dans l’immunosuppression, la carcinogenèse et le métabolisme des molécules utilisées en chimiothérapie, ce qui peut induire une résistance aux traitements antitumoraux. Ce profil d’expression génique caractéristique a également été retrouvé dans une cohorte de patients atteints d’adénocarcinome pulmonaire et est corrélé à une faible survie.

Marquages en immunofluorescence sur des coupes de tumeurs pulmonaires montrant les cellules tumorales exprimant la pancytokératine (panCK), les cellules immunitaires exprimant CD45, et la protéine virale hemagglutinin A (HA) du virus influenza. Ces images montrent que la protéine virale HA est détectée à la fois dans les cellules tumorales et les cellules immunitaires.

En conclusion, ces résultats montrent que l’infection par le virus influenza aggrave la progression des tumeurs pulmonaires en reprogrammant le microenvironnement tumoral pour le rendre plus agressif. Ils démontrent l’importance de la vaccination annuelle contre la grippe pour les patients atteints de cancer du poumon et pour leurs proches. Cet acte de prévention peu coûteux et relativement sûr, ainsi que l’initiation précoce d’un traitement antiviral en cas de grippe devraient être fortement recommandés dans cette population à haut risque, chez leurs proches et chez les prestataires de soins.

Ces résultats ont fait l’objet d’un communiqué de presse diffusé par Université Paris Cité, et d’un article sur le site web de l’Inserm.

Contact :

Isabelle Cremer, directrice de l’équipe « Inflammation, complément et cancer » au Centre de Recherche des Cordeliers.